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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mars 26, 2019

Petite vieille lâche et prétendant

en milieu d'après-midi, pensant le mistral un peu fatigué, suis sortie avec papiers et verres pour les remparts et cinq cents grammes de pulpe de tomate, une dizaine de racines de gingembre début d'une charge à laquelle pensait ajouter quatre kilos de petits pois en boites pour la rue Pasteur (une grosse demi-heure de marche). Le vent m'a cueilli à la porte, me suis accrochée trois minutes à la poignée, ai fait quelques pas, me suis accrochée à une descente d'eau, ai repris avancée, trébuchant dans un brusque calme... bon j'ai jeté ce qui devait l'être et suis rentrée chez moi, mes sacrées mauvaises jambes hurlant de crispation... J'espère un léger essouflement demain (de toutes façons il faut que j'aille, à jeun, place Pie... les provisions – bien plus que cela mais ne puis davantage charrier – n'étant nécessaires que pour une fête en fin de semaine, avant que l'évéché décide l'expulsion).
Ai écrit un peu plus des quatre cents mots sur les quatre mille demandés pour le 10, le grand final de l'atelier d'hiver, les ai jeté, et pense que vais renoncer... ai regardé d'un oeil torve deux photos et aucune des vagues idées qu'elles avaient éveillé pour les cosaques des frontières n'est venue se dessinner à traits fermes.. ai lu et, que les cosaques me pardonnent http://lescosaquesdesfrontieres.com je recopie un petit texte écrit à Toulon qu'ils ont publié il y a quelque temps
Un prétendant
Ce serait un royaume que l'on ne devinerait pas, un royaume marin bordé par ce qu'on nomme la côte d'azur, un petit royaume sous-marin sur lequel régnerait un très sage et très vieux mérou, si sage, si vieux surtout, revenu de toutes illusions, en deuil de ses fils préférés tués dans leurs repaires par des êtres cruels venus de terre avec leurs fausses nageoires aux pieds et leurs harpons au déclenchement imprévisible, si navré que sa lippe se serait accentuée, serait descendue, tordue, jusqu'à se transformer en un cercle semblant siffler le désastre que subissait son monde.
Serait venu de mers lointaines et inconnues un poisson de race indéterminable, un frère poisson étrange, aussi gros, long et gras qu'un mérou mais vif comme une sardine, ondulant prestement, nageant rapidement d'un rocher à l'autre, scintillant avec la rapidité de la lumière au dessus des prairies d'algues, traversant vivement le royaume d'une de ses limites à l'autre, dont le roi aurait fait son messager, puis, peu à peu, son second, quelque chose comme un premier ministre si cela était possible dans un régime de royauté absolue, un poisson étranger qui, fort de l'autorité ainsi déférée, aurait outrepassé ses missions, gardé pour lui des informations dans le but, au début, de ménager le vieillard, et qui, insensiblement, aurait pris sur lui de corriger – ou plutôt de modifier – les décisions de son maître, persuadé, ou décidant de l'être, de la sénélité grandissante de ce dernier, de son incapacité à concervoir les changements nécessaires, et, bon gré, mal gré, les barons, les chefs de familles, depuis les loups, les congres, les rascasses, jusqu'aux gobies crapotant dans la vase, auraient admis son rôle de favori, de futur héritier, de seigneur.
Le vieux mérou s'en allant vers sa fin, si immobile que les molusques, le prenant pour une roche, tenteraient de s'y fixer, de l'encrouter, le rigidifiant encore jusqu'à en faire une statue, mi-poisson, mi-Nérée, son second, pour asseoir sa suprématie, se donner mine de chef, se serait, usant de toutes les sécrétions, les teintures que pouvaient lui fournir coquillages, seiches ou herbes, maquillé, dessinant d'étranges formes sur ses écailles peintes de rouge, de vert, de jaune, traversées d'épais traits noirs, en une parure aussi riche que celle, dans les anciens royaumes terriens, d'un empereur bysantin, comparaison que, bien entendu, ceux dont il voudrait faire ses sujets auraient été bien incapables de faire mais qui, inconsciemment, provoquerait en eux, habitués à la bonhommie de leur roi légitime comme de ses prédécesseurs, une révolte, un désir de liberté, une fierté qui, la mort du mérou ayant été dûment constatée, lorsque l'étranger s'avancerait pour être consacré comme son successeur, déclencheraient une révolution, une succession de combats violents entre ses affidés et les républicains en devenir jusqu'à ce qu'il de trouve expulsé du royaume marin, projeté sur les galets d'une plage, haletant, expirant, pendant que les sucs, encres, matières dont il s'était enduit, se solidifieraient, le maintenant en son entier, transformé en un symbole d'outrecuidant mauvais goût.

9 commentaires:

Michel Benoit a dit…

« L'évéché » ?
« L'expulsion » ?
Qu'es acó ?

casabotha a dit…

carcasse rétive ou pas ne lâchez rien au renoncement la vie tient à vous

Brigetoun a dit…

Michel le 7 rue Pasteur (théâtre en juillet) qui a été réquisitionné pour des familles et jeunes immigrés est à l'évêché - et il a fait savoir que la tolérance ne 'étendrait que jusqu'à l'été.. je ne sais pas où ils en sont sauf qu'il y a une fête toute la journée le 30, que je n'y serai sans doute pas mais que j'ai promis d'apporter quelques bricoles sur une liste pour les cuisiniers… et que j'ai pas trop la force (sourire)

Brigetoun a dit…

casabotha et le vent est sur nous

Dominique Hasselmann a dit…

Beau poisson, dont je me souviens, échoué mais vivant... :-)

Brigetoun a dit…

Dominique, un rien minéral tout de même

tanette2 a dit…

Dommage pour les quatre cents mots jetés...
Courage à carcasse...le beau temps arrive..
Moi je l'aime bien ce "mérou" en couleurs.

arlette a dit…

Souvenir ému de ce mérou ..."de mauvais goût" tout fringuant comme ton texte
Le mistral secouait fort le cyprès il me semble, il en est tout chaviré

Brigetoun a dit…

pas seulement le cyprès… et même ce soir où le croyais calmé je pense que c'est lui qui a stoppé ma connexion deux fois… et j'ai peur que ça recommence...