Déjeuner très tôt à
l'heure où j'envisage de faire de la cuisine et départ vers ma
bonne place au premier rang du gymnase de Lycée Saint Joseph
espérant être à la
hauteur pour que rien ne s'oppose à la réception, que j'espérais
belle et bonne, d'un des spectacles les plus attendus par moi, le
retour à des bases aimées et qui furent presque familières il y a
longtemps avec Eschyle, à travers Peter Sein cette fois, avec Jean-Pierre
Vincent, avec Chartreux pour la traduction et la dramaturgie (avec
Hugo Soubise-Tabakov) et les jeunes talents du Groupe 44 de l'Ecole
du TN de Strasbourg, pour, en cinq heures – un peu davantage en
fait –, y compris les entractes, les trois pièces de l'Orestie.
Un
texte-monde. Notre source, notre origine, théâtrale et politique,
notre repère « au moment du danger » comme aime à la définir
Jean-Pierre Vincent...
une entreprise
théâtrale de trois années. Un chantier au long cours pour
comprendre et sentir une fresque qui n'a jamais autant d'écho que
quand le vent de l'histoire y souffle, une aventure de vie pour ces
douze élèves comédiens et douze élèves en régie, scénographie,
costumes, dramaturgie... qui s'approprient les mots de Eschyle et
modèlent Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides. Pas de
pensée de l'avenir pour les humains sans cette mémoire. Écoutons
donc la jeune génération nous dire ce libre et moderne poème.
Le
récit, le débat, la guerre, avec la première des pièces Agamemnon
tout au moins toute la première partie avec ce choeur de
vieillards (j'ai lorgné sur les cannes de bois simple avec leur
bonne anse qui donne bonne prise, bon mais ce n'est pas l'essentiel,
avant qu'arrive un Agamemnon à épaulettes et ceinturon et que pour
la première fois on voit la future victime – ce que bien sûr
ignorons – grimper vers la porte de bronze, la franchir vers un
espace, le palais qui nous est interdit où tout ou presque se passe,
dont nous devinons simplement que l'entrée est suivie immédiatement
(bien naturellement puisque sur la scène c'est un tréteau) par une
descente on ne sait où – une très digne reine qui attend, une
Clytemnestre enjôleuse, une Cassandre abattue puis possédée, en
général une violence feutrée, le déclenchement
un
entracte thé pour moi
de
pièces en pièces les rôles changent de titulaire, et la
Clytemnestre sacrifiée dans les Choéphores, qui a troqué la
dignité hypocrite pour un plaidoyer horrifié était dans la
première pièce, tout comme Electre, une servante... l'Oreste enfant
perdu avant de devenir un bourreau sanglant (qui a une vague
ressemblance avec un Poutine) laissera la place dans la dernière
pièce à celui qui joue pour le moment Pylade.. Une grande violence
dans la seconde partie, un étalage de sang, après les scènes
émouvantes du début entre Electre et les prisonnières troyennes,
et cette constante : un très beau jeu de tous les acteurs,
d'autant plus sensible que, comme il se doit, les protagonistes, sans
se figer, laissent toute la place, se font soutien de celui qui a la
parole et qui agit (bon je dis ça très mal, juste c'est vivant,
actuel, sans jamais perdre de vue les règles de la tragédie
antique)
un
deuxième entracte (café pour moi)
et les
Euménides avec
des Erinyes terribles, un Apollon qui a un petit air avec son costume
doré de présentateur de jeux télévisés, une Athéna aussi
bellement déesse qu'éloquente etc.. et toujours cette traduction
dont je vais chercher si elle a été éditée
parce que j'aimerais beaucoup l'avoir – bien entendu tout ceci ne
dit rien d'essentiel
(sauf
mon petit dépit de l'avoir autant aimé que je l'espérais en mai,
autant aimé que le disent les articles dont celui de Brigitte Salino
que je viens de lire pour constater , c'en est énervant, je me
trouve une fois de plus en accord presque parfait avec elle
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/15/festival-d-avignon-l-orestie-au-tribunal-de-l-histoire_5489534_3246.html
mais pour Apollon j'en tiens plus pour l'animateur que pour Macron,
bien que ce dernier n'en soit pas loin, mais il lui manque la petite
touche de second degré que garde l'acteur)
retour en flânant un peu,
mini marché chez Carrefour pour avoir la paix demain et après
demain
et une sonnette derrière
moi, rue de la petite Fustrerie et que j'ai eu un petit
échange-accord souriant avec une jeune femme qui était derrière
moi dans le gymnase (les vélos comme je les aime)
Le
petit programme de salle avec l'interview de Jean-Pierre Vincent bien
plus intéressant que les petites impressions immédiates d'une
petite vieille est repris par La Terrasse
https://www.journal-laterrasse.fr/lorestie-deschyle-mis-en-scene-par-jean-pierre-vincent
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2 commentaires:
ah vous donnez l'envie de les relire !
j'espère que vous trouverez la dite traduction
si elle a été publiée
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