attendre bus à 10 heures
devant la porte de l'Oulle, marcher tranquillement pour le plaisir
dans les rues de Villeneuve puisque me sentais en avance
et déboucher, à la
Chartreuse, dans le grand cloître Saint Jean pour buter sur des
spectateurs commençant à plonger vers le grand tinel, m'en étonner
et me voir conformer que l'on entrait déjà par un responsable qui
paternellement (enfin ce qui correspond à paternellement) m'a incité
à descendre, écartant ceux qui se présentaient et s'écartaient
gentiment malgré mes protestations et malgré les protestations
virulentes venues de plus loin (ai constaté à ce moment avec
confusion, confusion qu'une jeune voisine a prétendu idiote) qu'une
longue file s'étendait le long du bâtiment...
Deux images de la
disposition du plateau et de ce mur qui, ne sais trop pourquoi, me
fait penser à Pasolini, Je n'ai, droit à l'image bien
compréhensible s'imposant, aucune image, ni publiée par le festival, ni à
plus forte raison prise par moi, du spectacle que venais voir, un
Macbeth, joué par huit
prisonniers du Centre pénitentiaire du Pontet, adapté
et dirigé par Olivier Py qui l'a rebaptisé Macbeth
philosophe, il s'en explique
dans cette vidéo (dans laquelle lui-même et Enzo Verdet,
responsable de l'atelier théâtre de la prison évoquent le travail
avec les prisonniers en général et plus précisément pour ce
spectacle – nous ne voyons pas exactement la même distribution que
pour la première sur place à cause des autorisations de sortie)
présentation
Macbeth est hantée par le désir du pouvoir, marquée
du sceau de la destruction des valeurs humanistes et progresse
jusqu'aux crimes les plus atroces. Adaptée par le metteur en scène
dans un souci de métrique comme un livret d'opéra, la pièce avance
sans relâche, jouée par huit détenus du Centre pénitentiaire
Avignon-Le Pontet qui éprouvent leur corps à la parole. Olivier Py
révèle d'une lumière noire la langue hautement poétique de
Shakespeare. En jouissant d'exercer sans partage leur pouvoir,
Macbeth et Lady Macbeth entrent dans un processus sans retour. Par sa
folie que rien ne diminue, le tyran interroge le monde et en devient
poète. Un poète amoureux du mal. Une oeuvre essentielle, violente,
sauvage, qui interroge la notion de destin, l'assouvissement des
désirs, l'écrasement de toute résistance.
Alors : la saveur, en entrée, de l'accent des
trois sorcières baraquées ça c'est pour le petit côté mais ça a
sa saveur introductive, une des qualités du spectacle tient à la
franchise avec laquelle s'impose la convention théâtrale, comme
lorsque nous émeut l'homme au crâne rasé et aux épaules fortement
musclé qui joue Lady Macbeth (comme il jouait Ismène), un très
très bon (à mon avis) Macbeth plutôt mince comme un démon, une
évidence de la violence, une prise en charge des rôles... et un
effet dont nous nous sommes demandés un moment s'il était voulu,
qui s'est prolongé en rendant difficile la compréhension du texte
lorsqu'une voix a retenti nous demandant de nous diriger calmement
vers les sorties, avant qu'une sirène au son mat mais fort
s'installe, se prolonge... les acteurs ont tenu dix minutes environ,
sont sortis sous nos applaudissements... un moment et dans le calme
revenu Macbeth a repris sa tirade de défi au sort, avant que cela
recommence... et que cette fois nous nous regardions avec la
certitude que cela ne faisait pas partie du spectacle, contrairement
aux fumigènes pourtant pas si forts qui accompagnaient ces quasi
remords comme d'autres moments dans l'action (les sorcières, le
meurtre nocturne...) arrêt jusqu'à l'épuisement de la sirène,
venue d'une responsable de la Chartreuse pour expliquer que celle-ci
en tant que monument historique est excessivement susceptible et
n'aime pas qu'on l'enfume... Nous avons donc repris et terminé le
spectacle en prohibant les fumigènes (mais je me demande si la même
chose s'était passée lors des deux représentations du 17)
Remonter vers la lumière, la chaleur des rues de
Villeneuve, et en attendant le bus ai acheté deux courgettes vert
clair qui se sont révélés de piètre qualité...
Mais honte à moi, me suis un tantinet effondrée,
carcasse un peu (toujours cette sacrée toux et du flou dans les
jambes en allant vers les containers des remparts) volonté bien
davantage et, tant pis si du coup je n'aurai sans doute pas assez
marché aujourd'hui, tant pis surtout si je le regrette fortement
parce que ce spectacle m'avait tenté lorsque j'ai pris un billet,
n'ai pas eu envie, cela me semblait inutile, bizarre, de repartir un
peu après neuf heures ce soir pour aller aux Carmes voir/écouter
les trombones de La Havane de
Rimini Protokoll
https://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2019/granma-les-trombones-de-la-havane
– je préfère me retaper un peu pour demain (Vedène, là l'envie
est grande, très, et la cour d'honneur, là suis perplexe un peu)
Par contre, comme je vois ce soir, que contrairement à
ce qui était dit, le site du festival publie quatre photos de
Macbeth (sans doute d'acteurs y ayant consenti) prises par Christophe
Raynaud de Lage, je vous présente le couple Macbeth (Madame Macbeth
au fond)
4 commentaires:
J'aurais aimé et le lieu plusieurs fois visite .. prends soin de toi ..jeune fille intrépide
vais être très Villeneuve cette année (ou plutôt assez) en principe un concert dimanche soir (et je devis y aller le jour où j'ai montré bobos au petit toubib (il semble que pas perdu beaucoup)
ah oui merci l'Anonyme qui a écrit "jeune fille intrépide", c'est tout Brigetoun ça !
tout sauf jeune et encore moins intrépide
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