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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, novembre 15, 2019

Erreur de date et mémoire d'éléphant (Viva Villa 4/5)

Puisqu'une des vertus de Rosmerta est mettre légèrement à mal les mauvaises habitudes que j'ai prises depuis que suis avignonnaise et oisive – légèrement, n'exagérons rien – n'étais pas sous la douche à dix heures ce matin, mais à huit heures vingt j'ai mis bonnet, ai enfilé ma très moche parka de gamine et m'en suis allée, croisant les pauvres jeunes ou moins jeunes travailleurs, visage sous crachin froid, chaussures cherchant parfois l'équilibre sur les petites bandes de ciment au dessus des travaux boueux, et répondant aux saluts des jeunes qui s'en allaient vers leurs écoles...
En fait après un piapia agréable (l'est toujours, spécialement avec elle) avec Brigitte première, ni très jeune ni vieille, légèrement ronde physiquement, merveilleusement ronde et aimable de caractère, et douée d'un grand sens pratique, m'en suis revenue sous pluie drue et froide (j'aurais dû mercredi soir vérifier sur le tableau... j'avais noté jeudi, ma mémoire disait vendredi)
Sourire mais ensuite n'étais guère bonne qu'à méditer dans le vide ou dormir... Reprends tout de même la suite de Viva Villa avec, dans la première partie des combles, le quatrième chapitre de l'exposition intitulé justement mémoire d'éléphant
avec comme citation en exergue
Parce qu’elle est affective et magique, la mémoire ne s’accommode que des détails qui la confortent ; elle se nourrit de souvenirs flous, télescopant, globaux ou flottants, particuliers ou symboliques, sensible à tous les transports, écrans, censures ou projections. Pierre Nora (1984)
et cette présentation par la commissaire : Les éléphants sont des mammifères aux capacités cognitives extrêmement développées. Comparable à celle des dauphins, des grands singes et des humains, leur excellente mémoire est à la fois spatio-temporelle, sociale, olfactive, visuelle et auditive. Celle-ci leur permet d’assurer leur survie en se souvenant, notamment, des grands itinéraires qu’ils empruntent chaque année depuis des générations et du moment adéquat pour trouver de la nourriture et de l’eau. S’inspirer des animaux, en particulier des pachydermes qui combinent à la fois mémoire du corps, transmission et savoirs ancestraux, permet d’interroger les liens entre cognition et organicité.
Avec, tout d'abord, sur deux murs en angle, deux vidéos, palies par la lumière, deux femmes dont les lèvres bougent à peine pour proférer des mots que l'on entend si difficilement qu'on ne comprend guère, oeuvre de Marta Mateus (Casa Vélasquez – cinéma – sa page https://vivavilla.info/artistes/marta-mateus/ avec une vidéo comme pour tous les artistes venant de Madrid, tout spécialement belle dans son cas) et les deux femmes sont à la base du film en cours « évoquer la langue » Chacune dans son soliloque. Deux soliloques peuvent-ils faire un dialogue ? Une prière ? Une confession ? Elles sont là. Elles sont. Il n’y a pas de champ/contrechamp, seulement chacune dans sa solitude. Des sibylles ? Des sorcières ? Une mère et sa fille ? Des habitantes du même village ? Seuls le mur, la campagne, le noir qu’elles revêtent, le chant des oiseaux, le silence dans le monde permet de les lier l’une à l’autre.
Venue de la Casa Velasquez également Naomi Melville - sa page avec la vidéo qui éclaire un peu son travail passablement passionnant https://vivavilla.info/artistes/naomi-melville/ et son site https://naomimelville.com/ où me suis promenée un peu hier soir, où je reviendrai sans doute, parce que plaisir sensuel de la grande barre de bois au dessus d'un miroir Relire Relier, intérêt de ce que pouvais déchiffrer, envie de m'attarder pour saisir, mais vision malaisée et trop rapide parce qu'un couple en grande discussion, que je ne voulais ni capter ni déranger, l'avait colonisée, et que, parmi d'autres oeuvres, je l'y ai retrouvée, avec ce texte
Deux phrases sont gravées sur cette poutre en bois. L'un d'eux court tout autour de son bord, l'autre autour de son grand côté. Ils font référence à deux livres d'époques et de lieux différents, mais ayant des liens internes, chacun traitant de fragmentation, de déchiffrement, de disparition. Le premier est un livre liturgique allemand du XII esiècle, dont la couverture de reliure somptueuse a été recouverte d’inscriptions épigraphiques abrégées, en voie de disparition. Le second est un fragment découpé dans une copie espagnole de l’Ancien Testament datant du XVème siècle. Beaucoup de ces fragments, y compris celui-ci, ont été retrouvés dans toute l'Europe, dans les reliures de livres profanes.
"Relire" (relire) et "relier" (liaison, mais aussi connexion) sont les deux mots-clés qui unissent le livre allemand et le fragment espagnol. Ils sont gravés transversalement sur la poutre, reliant les deux textes initiaux.
La présence discrète près d'une fenêtre ouvrant sur la cour de trois oeuvres (tempura à l'oeuf sur toile et bois) de André Baldinger (Villa Kujoyama – typographie – sa page https://vivavilla.info/artistes/andre-baldinger/ et un site présentant une foultitude de projets http://www.baldingervuhuu.com/ )
Le projet à la Villa Kujoyama a consisté à établir et à vérifier les principes de base pour la création d’un nouveau caractère japonais-latin nourri par la recherche, l’étude des sources historiques et les échanges avec des spécialistes de la typographie japonaise.
Dans cette branche, la plus longue, du L dessiné par la grande salle, le mur face aux fenêtres est occupé par l'installation (textes et images) intitulée ce qui tu nommes fantôme porte le nom d'image (sic, copié sur le cartel que j'avais photographié) d'Hélène Giannecchini et Stéphanie Solinas (littérature et photographie – Villa Médicis – pâge d'Hélène Giannecchini https://vivavilla.info/artistes/helene-giannecchini/ et son site https://helenegiannecchini.com – pour Stéphanie Solinas https://vivavilla.info/artistes/stephanie-solinas-2/ et un site très riche http://www.stephaniesolinas.com/stephaniesolinas/stephanie_solinas.html
Au centre, après la barre de bois, mais décentré vers les fenêtres, un grand plateau triangulaire, une collection d'objets trouvés sur les côtes des îles Canaries sur un support de laiton (et récit en quadrichromie dit le cartel, mais j'avoue – fatigue ? Méditation des phrases d'Hélène Giannecchini ? plaisir du petit échange avec un père et son petit garçon ? je n'ai rien vu de tel) d'Andrès Padilla Domene (vidéaste - Casa Velasquez donc vidéo https://vivavilla.info/artistes/andres-padilla-domene/ qui me fait regretter ma désinvolture, même si je m'étais amusée avec le garçon en choisissant nos préférés C’est l’océan qui produit cela, cette mystérieuse entité qui semble vouloir communiquer, déposant d’une rive à l’autre des messages à déchiffrer. Le récit s’active, tirant vers le mythe, l’anecdote ou le billet scientifique, et prend de l’ampleur à mesure que les objets sont trouvés, identifiés, localisés puis renvoyés sur un autre réseau, celui de nos communications actuelles.
Furieuse contre les barres lumineuses envahissantes et de n'avoir pas eu ou pas pris le temps de regarder plus en détail l'oeuvre de Marine Delouvrier (une pensée rapide pour Mathilde Roux en apéritif) (architecture, peinture – Casa Velasquez d'où vidéo que bien entendu j'ai aimée https://vivavilla.info/artistes/marine-delouvrier/ et ses contributions à la Revue «A l'épreuve» http://www.alepreuve.org/auteur/marine-delouvrier
Le projet Pueblos de Piedra Negra de Marine Delouvrier se concentre un fragment de la Sierra Norte de Guadalajara, à 130km au Nord-Est de Madrid, le Monte del Vado. Son but est d’observer comment il s’est transformé, de comprendre les strates de son histoire et de tenter de retrouver la connaissance du milieu naturel qu’avaient les constructeurs et habitants des villages de pierre noire.
Les peintures qu’elle réalise sont issues d’aller-retours entre paysages intérieur et extérieur, passant de l’observation des cartes dans un espace clos et familier à celle de l’exploration du terrain, ponctuée par des sessions de dessins, de lentes immersions dans le paysage.

et dans un recoin, pour clore cette partie et illustrer son titre, Metodo dei loci, la petite vidéo de Rebecca Digne (arts plastiques – Villa Médicis - https://vivavilla.info/artistes/rebecca-digne/ et http://www.rebeccadigne.com/ son site, qui n'est pas à jour) où un éléphant à la grande mémoire se promène dans les allées du jardin de la Villa Médicis comme dans les sinuosités de notre cerveau, sans se perdre, lui, ou on ne nous le dit pas)

5 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Beaucoup d'éléphants des arts et lettres se sont promenés dans les jardins de la villa Médicis : dommage que l'on ne connaisse pas le nom de celui-ci !

Votre remarque sur les "barres lumineuses" qui se reflètent dans les cadres vitrés protégeant les œuvres : ne pourrait -on pas éclairer les musées à la bougie ? Ça ferait "Barry Lindon" et "installerait", en plus, un signe écologique ! :-)

Brigetoun a dit…

et risquerait de noircir les oeuvres ou les murs
les musées sont des écrins d'une grande modernité (sourire)

jeandler a dit…

Les néons datent un peu et ont leur place au Musée.

Brigetoun a dit…

Pierre, un rire d'accord

Claudine a dit…

j'aime bien l'installation, avec un titre et sans paroles
belle remarque de DH