Puisqu'une des vertus de
Rosmerta est mettre légèrement à mal les mauvaises habitudes que
j'ai prises depuis que suis avignonnaise et oisive – légèrement,
n'exagérons rien – n'étais pas sous la douche à dix heures ce
matin, mais à huit heures vingt j'ai mis bonnet, ai enfilé ma très
moche parka de gamine et m'en suis allée, croisant les pauvres
jeunes ou moins jeunes travailleurs, visage sous crachin froid,
chaussures cherchant parfois l'équilibre sur les petites bandes de
ciment au dessus des travaux boueux, et répondant aux saluts des
jeunes qui s'en allaient vers leurs écoles...
En fait après un piapia
agréable (l'est toujours, spécialement avec elle) avec Brigitte
première, ni très jeune ni vieille, légèrement ronde
physiquement, merveilleusement ronde et aimable de caractère, et
douée d'un grand sens pratique, m'en suis revenue sous pluie drue et
froide (j'aurais dû mercredi soir vérifier sur le tableau...
j'avais noté jeudi, ma mémoire disait vendredi)
Sourire mais ensuite
n'étais guère bonne qu'à méditer dans le vide ou dormir...
Reprends tout de même la suite de Viva Villa avec, dans la première
partie des combles, le quatrième chapitre de l'exposition intitulé
justement mémoire d'éléphant
avec
comme citation en exergue
Parce qu’elle est
affective et magique, la mémoire ne s’accommode que des détails
qui la confortent ; elle se nourrit de souvenirs flous, télescopant,
globaux ou flottants, particuliers ou symboliques, sensible à tous
les transports, écrans, censures ou projections. Pierre Nora
(1984)
et cette présentation par
la commissaire : Les éléphants sont des mammifères aux
capacités cognitives extrêmement développées. Comparable à celle
des dauphins, des grands singes et des humains, leur excellente
mémoire est à la fois spatio-temporelle, sociale, olfactive,
visuelle et auditive. Celle-ci leur permet d’assurer leur survie en
se souvenant, notamment, des grands itinéraires qu’ils empruntent
chaque année depuis des générations et du moment adéquat pour
trouver de la nourriture et de l’eau. S’inspirer des animaux, en
particulier des pachydermes qui combinent à la fois mémoire du
corps, transmission et savoirs ancestraux, permet d’interroger les
liens entre cognition et organicité.
Avec,
tout d'abord, sur deux murs en angle, deux vidéos, palies par la
lumière, deux femmes dont les lèvres bougent à peine pour proférer
des mots que l'on entend si difficilement qu'on ne comprend guère,
oeuvre de Marta Mateus (Casa Vélasquez – cinéma – sa page
https://vivavilla.info/artistes/marta-mateus/
avec une vidéo comme pour tous les artistes venant de Madrid, tout
spécialement belle dans son cas) et les deux femmes sont à la base
du film en cours « évoquer la langue » Chacune
dans son soliloque. Deux soliloques peuvent-ils faire un dialogue ?
Une prière ? Une confession ? Elles sont là. Elles sont. Il n’y a
pas de champ/contrechamp, seulement chacune dans sa solitude. Des
sibylles ? Des sorcières ? Une mère et sa fille ? Des habitantes du
même village ? Seuls le mur, la campagne, le noir qu’elles
revêtent, le chant des oiseaux, le silence dans le monde permet de
les lier l’une à l’autre.
Venue
de la Casa Velasquez également Naomi Melville - sa page avec la
vidéo qui éclaire un peu son travail passablement passionnant
https://vivavilla.info/artistes/naomi-melville/
et son site https://naomimelville.com/
où me suis promenée un peu hier soir, où je reviendrai sans doute,
parce que plaisir sensuel de la grande barre de bois au dessus d'un
miroir Relire Relier, intérêt de ce que pouvais déchiffrer,
envie de m'attarder pour saisir, mais vision malaisée et trop
rapide parce qu'un couple en grande discussion, que je ne
voulais ni capter ni déranger, l'avait colonisée, et que, parmi
d'autres oeuvres, je l'y ai retrouvée, avec ce texte
Deux phrases sont
gravées sur cette poutre en bois. L'un d'eux court tout autour de
son bord, l'autre autour de son grand côté. Ils font référence à
deux livres d'époques et de lieux différents, mais ayant des liens
internes, chacun traitant de fragmentation, de déchiffrement, de
disparition. Le premier est un livre liturgique allemand du
XII esiècle, dont la couverture de reliure somptueuse a été
recouverte d’inscriptions épigraphiques abrégées, en voie de
disparition. Le second est un fragment découpé dans une copie
espagnole de l’Ancien Testament datant du XVème siècle. Beaucoup
de ces fragments, y compris celui-ci, ont été retrouvés dans toute
l'Europe, dans les reliures de livres profanes.
"Relire"
(relire) et "relier" (liaison, mais aussi connexion) sont
les deux mots-clés qui unissent le livre allemand et le fragment
espagnol. Ils sont gravés transversalement sur la poutre, reliant
les deux textes initiaux.
La
présence discrète près d'une fenêtre ouvrant sur la cour de trois
oeuvres (tempura à l'oeuf sur toile et bois) de André Baldinger
(Villa Kujoyama – typographie – sa page
https://vivavilla.info/artistes/andre-baldinger/
et un site présentant une foultitude de projets
http://www.baldingervuhuu.com/
)
Le projet à la Villa
Kujoyama a consisté à établir et à vérifier les principes de
base pour la création d’un nouveau caractère japonais-latin
nourri par la recherche, l’étude des sources historiques et les
échanges avec des spécialistes de la typographie japonaise.
Dans
cette branche, la plus longue, du L dessiné par la grande salle, le
mur face aux fenêtres est occupé par l'installation (textes et
images) intitulée ce qui tu nommes fantôme porte le nom d'image
(sic, copié sur le cartel que j'avais photographié) d'Hélène
Giannecchini et Stéphanie Solinas (littérature et photographie –
Villa Médicis – pâge d'Hélène Giannecchini
https://vivavilla.info/artistes/helene-giannecchini/
et son site https://helenegiannecchini.com
– pour Stéphanie Solinas
https://vivavilla.info/artistes/stephanie-solinas-2/
et un site très riche
http://www.stephaniesolinas.com/stephaniesolinas/stephanie_solinas.html
Au
centre, après la barre de bois, mais décentré vers les fenêtres,
un grand plateau triangulaire, une collection d'objets trouvés sur
les côtes des îles Canaries sur un support de laiton (et récit en
quadrichromie dit le cartel, mais j'avoue – fatigue ? Méditation
des phrases d'Hélène Giannecchini ? plaisir du petit échange avec
un père et son petit garçon ? je n'ai rien vu de tel) d'Andrès
Padilla Domene (vidéaste - Casa Velasquez donc vidéo
https://vivavilla.info/artistes/andres-padilla-domene/
qui me fait regretter ma désinvolture, même si je m'étais amusée
avec le garçon en choisissant nos préférés C’est
l’océan qui produit cela, cette mystérieuse entité qui semble
vouloir communiquer, déposant d’une rive à l’autre des messages
à déchiffrer. Le récit s’active, tirant vers le mythe,
l’anecdote ou le billet scientifique, et prend de l’ampleur à
mesure que les objets sont trouvés, identifiés, localisés puis
renvoyés sur un autre réseau, celui de nos communications
actuelles.
Furieuse
contre les barres lumineuses envahissantes et de n'avoir pas eu ou
pas pris le temps de regarder plus en détail l'oeuvre de Marine
Delouvrier (une pensée rapide pour Mathilde Roux en apéritif)
(architecture, peinture – Casa Velasquez d'où vidéo que bien
entendu j'ai aimée
https://vivavilla.info/artistes/marine-delouvrier/
et ses contributions à la Revue «A l'épreuve»
http://www.alepreuve.org/auteur/marine-delouvrier
Le projet Pueblos de
Piedra Negra de Marine Delouvrier se concentre un fragment de la
Sierra Norte de Guadalajara, à 130km au Nord-Est de Madrid, le Monte
del Vado. Son but est d’observer comment il s’est transformé, de
comprendre les strates de son histoire et de tenter de retrouver la
connaissance du milieu naturel qu’avaient les constructeurs et
habitants des villages de pierre noire.
Les peintures qu’elle
réalise sont issues d’aller-retours entre paysages intérieur et
extérieur, passant de l’observation des cartes dans un espace clos
et familier à celle de l’exploration du terrain, ponctuée par des
sessions de dessins, de lentes immersions dans le paysage.
et
dans un recoin, pour clore cette partie et illustrer son titre,
Metodo dei loci, la petite vidéo de Rebecca Digne (arts
plastiques – Villa Médicis -
https://vivavilla.info/artistes/rebecca-digne/
et http://www.rebeccadigne.com/
son site, qui n'est pas à jour) où un éléphant à la grande
mémoire se promène dans les allées du jardin de la Villa Médicis
comme dans les sinuosités de notre cerveau, sans se perdre, lui, ou on ne nous le dit pas)
5 commentaires:
Beaucoup d'éléphants des arts et lettres se sont promenés dans les jardins de la villa Médicis : dommage que l'on ne connaisse pas le nom de celui-ci !
Votre remarque sur les "barres lumineuses" qui se reflètent dans les cadres vitrés protégeant les œuvres : ne pourrait -on pas éclairer les musées à la bougie ? Ça ferait "Barry Lindon" et "installerait", en plus, un signe écologique ! :-)
et risquerait de noircir les oeuvres ou les murs
les musées sont des écrins d'une grande modernité (sourire)
Les néons datent un peu et ont leur place au Musée.
Pierre, un rire d'accord
j'aime bien l'installation, avec un titre et sans paroles
belle remarque de DH
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