pas marché une heure,
tant pis, je suis lasse d'être sage, et pensais repartir ce soir
mais ce que voulais faire m'intimidait alors suis restée bien
tranquille – pas marché assez mais j'ai ramené, aux moments où
j'arrivais à combiner sacs, canne, gants (eux les ai vite rangé ne
faisait pas assez froid) et appareil, ai capté la douceur des ombres
sous le ciel qui était encore étincelant mais pensait à se
couvrir, mon amie la façade rose aux fenêtres ornées avec
gourmandise, des travaux un peu partout et les touristes qui sortaient de la ville,
shopping fini, pour aller déjeuner sur leur bateau.
Ai oeuvré domestiquement,
un poco, et puis ai regardé et re-regardé la vidéo mise en ligne
depuis déjà un certain temps par François Bon pour le chapitre 12 clôturant
l'atelier d'été, me demandant si j'allais y participer – ai un
peu décroché depuis que les exercices indépendants ont sous la
pression générale commencé à se regrouper en une ébauche de
récit ou nouvelle, de forme un peu heurtée bien entendu... crois
avoir compris (et décide de ne pas m'arrêter en appliquant trop
primairement le titre de oeil intérieur, oeil extérieur à
ce que j'ai ajouté à mes petites notes en souriant un
peu de travers : dois-je tenir
compte de ce qui se passe dans mon oeil extérieur qui fait que
l'oeil intérieur voit se promener sur le monde une petite araignée
que contrairement aux prévisions du toubib il n'efface toujours pas,
ou pas tout le temps ?
– vais tenter sans doute,
avant le 30, même si j'ai un bon programme ces jours-ci, et
demanderais alors un nouveau mot de passer, le mien ne fonctionnant
plus.
En continuant je continue
à recopier des contributions passées – aujourd'hui la #6 il elle
fenêtre (étant entendu une fois de plus que je revendique la
distance avec le réel et les personnes ayant pu exister)
Dynastie aux
fenêtres
et la silhouette de sa
soeur souplement courbée sur son téléphone comme sur un secret
contre le bleu mauve découpé par le fenestron de cette pièce sous
le toit dans le crépuscule qui descendait sur le jardin de Nyons
ravie de comprendre au petit cri de joie suivi d'un roucoulement de
brèves questions d'un bredouillis attendri et de conseils machinaux
que le dernier des petits enfants était né et au moment où le
regard joyeux a quitté le coin de ciel pour se tourner vers
l'intérieur de la maison en la cherchant elle a devancé la question
devinée pour dire que bien sûr cela changeait leur programme et
qu'elles devaient repartir le lendemain matin d'autant plus qu'elle
était certaine elle d'avoir trouvé le point de chute idéal dans
l'après-midi et elle souriait de partager cette joie en taisant
l'idée de la petite chambre parisienne devenue presque sordide à
force d'être utilisée plus qu'habitée et de la fenêtre au rideau
déchiré donnant sur un étroit puits noir qu'elle allait retrouver
sans trop de crainte puisqu'elle était certaine de ne plus le fixer
pendant des heures ce bout de dentelle grège son crâne vide
refrénant en cherchant le sommeil l'image de son corps s'écrasant
sur le ciment et c'est nettoyée elle en était sûre de ses stupides
démons qu'elle a suivi la nuque énergique et les courtes boucles
blanches qui dansaient de plaisir dans l'escalier et jusqu'à la
grande cuisine où pendant que de l'autre côté de la vitre la nuit
tombait sur la rue du village déserte en ce début d'automne elles
se sont bricolé un petit dîner en faisant tournoyer dans leur
conversation désordonnée les jeunes couples et leurs enfants mais
le lendemain matin dans la voiture ce sont celles qui les avaient
précédées qui se sont invitées quand une phrase de l'aînée qui
parlait un peu pour faire du bruit et lutter contre le sommeil les
yeux sur le pare-brise dans le vague du défilement des nuages légers
flottant au dessus de l'autoroute dans le bleu pale a dessiné une
autre tête bouclée de ce bleu que les coiffeurs de l'époque
conféraient aux cheveux des vieilles femmes encadrée par le dossier
d'une bergère recouverte d'une soie passée à côté de la
porte-fenêtre ouverte sur les volutes de la rambarde de fonte d'un
étroit balcon pendu sur la nuit d'une rue aux façades marquées par
le souvenir de la suie des trains du Pont-Cardinet tentant de rendre
vie à l'image de cette tête au maquillage mal posé penchée
presque jusqu'à poser les loupes lui tenant lieu de lunettes sur un
album de photos ouvert sur ses genoux et à la voix presque acidulée
jeune comme l'étaient les fines et toujours belles jambes qui
parlait de vacances à Dà-lat pendant la saison chaude qui évoquait
la véranda sous cette pluie qu'elle regardait carrée avec une
fausse tranquillité dans un fauteuil tressé à côté de sa
charmante mais parfois légèrement exaspérante fille de dix huit
ans debout à côté d'elle droite ferme silencieuse comme pénétrée
de la nouvelle dignité acquise en acceptant d'épouser un aide de
camp trentenaire fort digne et courtois mais légèrement ennuyeux et
moyennement beau et la voix se moquait des années après de ses
propres efforts maternels pour accepter cette situation se
réjouissant que dès la perspective du bac effacée les fiançailles
aient été rompues sans bruit comme toutes deux en s'embrassant
devant la gare de RER où elles se séparaient s'amusaient avec
attendrissement de cet exemple des petites poussées d'extravagance
qui venaient adoucir la sagesse de leur mère et contribuaient à son
charme.
8 commentaires:
Histoire d'œil... bataille place d'Italie à Paris samedi dernier, France défigurée, préfet à casquette, Macron et sa guignolade hier devant les maires (avant le pince-fesses de plus de mille invités ce soir en son château), fenêtres, oui, sur les splendeurs élyséennes et la misère - "Les Misérables", le retour - du pays.
Un jour, peut-être, une pièce de théâtre au festival d'Avignon sur ce règne qui n'en finit plus de commencer par la fin. ;-)
sans personnaliser en se portant uniquement sur cet éphémère outil du pouvoir bon nombre de pièces déjà sur ce que font les puissants
j'aime bien le numéro #6
Qui fait les "puissants" ?
les sujets mais majoritairement ceux influencés par les propriétaires des médias, au final les intérêts financiers
merci Claudine…. un peu le commentaire que j'espérais (sourire)
Écriture s'écoulant comme de l'eau d'un ruisseau. Difficile de ne pas aimer votre style même s'il est nécessaire parfois de reprendre sa respiration.
merci (et désolée pour la respiration)
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