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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, novembre 26, 2019

Peu de choses donc reprise

un lundi matin occupé comme un dimanche ordinaire : lavage cheveux, repassage, avec cette sacrée douleur plus ou moins forte et l'hésitation à consulter – décider que non, et sortir dans la douceur qui s'accroit et le bleu que les nuages commençaient à repeupler pour liquider SFR et prévenir banque et puis me promener en claudiquant.
Pas penser, rester assez soigneusement somnolente (avec tout de même, en plaisir jubilatoire et attention presque scolaire, Calvino et ses leçons américaines ou du moins une soixantaine de pages) et donc continuer à recopier mes participations à l'atelier d'été du tiers.livre de François Bon https://www.tierslivre.net/ateliers/category/cycle-ete-2019-pousser-la-langue/ete-2019-7-introspection-sous-verbe/
Tout compte non fait
Suis née.
Ai été un miracle. N'ai plus été un miracle.
Ai accueilli les miracles suivants, ai protégé les de moins en moins miracles suivants, ai trouvé qu'ils prenaient de la place mais c'était amusant. Ai été chef de file. Ne voulais pas être chef de file. Ai cédé les rênes au numéro deux.
Ai aimé avoir confiance dans les adultes. Les laissais décider. Les écoutais . Et souvent choisissais de ne pas. Disais non. Constatais alors qu'ils avaient raison. Souvent. Etais rassurée. Revenais et disais oui. Ou bien me taisais.
J'ai menti, j'ai aimé mentir, j'ai trouvé cela plus joli et drôle, je n'ai jamais menti utilement ou ne le voulais pas. J'ai imaginé des histoires pour les petits. Me plaisait trop. Les ai ennuyés. Ai gardé mes histoires pour moi.
Me cachais ce que n'aimais pas et de ce que n'aimais pas. Me cachais. Décidais de ne pas voir ceux que n'aimais pas. Fermais les portes. Me regardais. Espérais me voir autre. Avais peur des regards. Mais aimais les sourires et me moquais de savoir à qui ou à quoi ils s'adressaient.
Bougeais peu. Savais ma maladresse. Cassais ce que j'aimais. Mais lançais mon esprit, avec enthousiasme, trop vite. Croyais comprendre ce que voulaient les gens. Me trompais souvent. Le savais. En fait me trompais très souvent sur les gens. Aimais qui il ne fallait pas. Aimais qui ne m'aimait pas. Aimais bien ou aimais vraiment mais en silence. Me contentais de ce plaisir. Ai grandi, un peu. Ai vieilli surtout. Ai appris à aimer la solitude. Me voulais quiète. L'étais parfois.
Ai appris à lire. Ai voulu savoir lire pour découvrir ce qui était écrit. Ai aimé lire. Mais ne comprenais pas. Lisais en attendant. Me moquais un peu du sens. Goûtais la musique muette sous mes yeux. Ai grandi ou vieilli pour cela aussi. Ai relu. Ai choisi au fil des ans qui comprendre à travers la musique de sa langue. Griffonnais en cachette. N'osais montrer que ce qui était devoir ou plus tard travail. Ai été absurdement fière d'avoir rédigé les lettres types du Cabinet. Aime toujours les mots plus que le sens affiché.
Avais peur des autres. N'en ai plus peur pour moi depuis longtemps. Regardais, regarde l'humain avec effarement, pour le mal ou le bien. Détestais et redoute les indiscrets. Me reprochais ma lâcheté quand j'aurais pu aider et me reproche ma maladresse quand je le peux. Refusais de me pardonner, fais avec.
Pensais différent. Pensais contre. Ai vécu un temps dans un monde de pensées muettes si pensée y avait. Avec le temps ai trouvé avec qui penser en accord. M'en inquiète un peu.
Voulais avoir oeil innocent, sauf pour travail. Me méfiais des idées. Ne voulais pas penser. Ne pouvais que penser. Détestais, non déteste le mot raison. N'aime généralement pas ce que je comprends.
Ne croyais pas au mot bonheur. Ai décidé d'en ignorer l'idée. Il m'a ignoré, m'a laissé les joies. Pense que c'est bien.
Vivais à côté de ma vie. M'étonnais de la vie. M'étonnais encore un peu de moi. Voulais pourtant être vue. Choisissais le ridicule.
Avais décidé que je n'aimais pas la vie ou ma vie. Jouais avec l'idée, juste l'idée de la mort.
Mais c'est ainsi, chaque fois qu'il l'a fallu, jusqu'à maintenant, me suis cramponnée à la vie.

13 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

le réverbère joue le double de la lune... :-)

Brigetoun a dit…

en plus éblouissant même si économies d'énergie

Marie-Christine Grimard a dit…

Magnifiques photos !

Brigetoun a dit…

merci (mais en fait je voulais surtout mettre sue paumée mon petit texte)

jeandler a dit…

À chaque jour, son miracle même si parfois il se fait désirer.

Brigetoun a dit…

Non Michel, je t'en remercie

Brigetoun a dit…

Oh ZUT une fausse manoeuvre (m'habitue mal au protocole de la nouvelle messagerie) le commentaire ci-dessus répondait au gentil passage de Michel que je viens de supprimer, mais peux recopier, alors :


"Ce texte, dans lequel je et sans doute beaucoup d'autres se reconnaissent, me touche.
Et avec ce beaucoup d'autres nous traversons un siècle.
Étonnant, non ?

(Dois-je regretter que tu comprennes ces lignes ? ^_^ ) "

Arlette A a dit…

Oui beau texte et soudain vibre une corde oubliée

Brigetoun a dit…

Merci Arlette

Godart a dit…

Texte fort qui touche au plexus. Et au delà des aléas d'une vie, une sacrée confiance dans cette même vie, une construction.

Marie-Christine Grimard a dit…

J’ai beaucoup aimé aussi le texte, et je pensais l’avoir dit mais le commentaire a du partir subrepticement avant la fin !

Brigetoun a dit…

Marie Christine, Brigetoun se couvre la tête de cendres… vraiment en mauvais état à tous points de vue ce matin !

Claudine a dit…

Mon Dieu qu'il est beau ce texte