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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, décembre 03, 2019

Attente plombier et lectures de novembre

Beau ciel et vent frais en allant aux remparts avant de rentrer pour attendre un plombier (le débouchage de l'évier cette fois dépasse mes forces et cela dure depuis vendredi soir) – beaux cernes rouges sous les yeux et une envie d'attendre la pénombre pour afficher ma face dans la rue
ai entrepris un petit hommage à mes lectures de novembre, ce qui ne fait pas tant puisque lis de plus en plus mal ou peu (mais s'ajoutent cinq livres de Jane Austen relus sur un coup de tête, deux revues d'économie politique à tenter d'assimiler et des polars délicieusement connus par coeur)
Avec, à vrai dire à cheval sur octobre, le plaisir bien plus grand qu'attendu des courts textes de Gustave Geffroy (dont j'avais déjà beaucoup aimé l'enfermé déjà re-édité par François Bon auquel je rend grâce pour cette découverte) lisez ce qu'en dit François Bon qui les re-édite dans sa collection «grands singuliers» en les rebaptisant il y a toujours à voir dans les pharmacies reprenant le titre de l'un d'entre eux http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4836 maus c'est plus tôt, au cinquième texte, que le plaisir pour moi s'est fait plus grand et ne m'a quasiment pas quitté, plaisir du fond, de la colère et la tendresse, et de la forme avec au soleil d'automne
Au soleil d'automne, devant les feuillages rougis, des vieux et des vieilles sont assis sur la rangée de bancs du jardin public. Ils ne regardent pas le dernier ciel bleu d'octobre, où errent de beaux et massifs nuages, pareils à des blocs de marbre, blancs et fauves. Leur contemplation non plus ne va pas à l'étang où voguent les cygnes de neige et les canards de velours noir et d'émeraude, ni vers la pelouse brûlée où de grandes fleurs se convulsent pour mourir...
Avec, édités, purs et beaux, par Abrüpt
en bonus, le court double poème d'Arthur Cravan «je suis toutes les choses – jamais III» https://abrupt.ch/arthur-cravan/jamais/
Et tandis que la lune,
Par delà les marronniers,
Attelle ses lévriers..
pour les femmes écrasées, cachées par les grands hommes (ouin des que j'aime) de Corinne Lovera Vitali «Ronette et Modine» https://abrupt.ch/corinne-lovera-vitali/ronette-et-modine/
je n'arrive pas à dissocier les photographies de ronin et modet leurs barbes de hipsters leurs pantalons tendus sur leurs gros bidons où flotte le sarreau d'artiste-de-son-époque leurs bouches qui tètent pareillement
un peu plus long, plus exigeant sans doute, ne se donnant pas d'emblée puisque recherche.... de Pierre Ménard «Mémoire vive» https://abrupt.ch/pierre-menard/memoire-vive/
Ecouter sa propre respiration qui n'est pas vraiment à soi à la fin, au fin fond. C'est pour annoncer son départ. L'art n'efface pas la perte, il lui répond. Il est seul, celui qui parle. C'est à peine si on l'entend. Autant de chances de rendre à jamais présent ce qui paraît perdu. Par quel trouble suis-je emporté loin de moi ?
Relire tant et tant d'années après que c'est presque une redécouverte ou en tout cas une nouvelle lecture, avec peut-être, ou j'en ai l'illusion, une compréhension plus immédiate, les «leçons américaines» d'Italo Calvino
Quoiqu'il en soit, toutes les «réalités» et toutes les «fantaisies» ne peuvent prendre forme que par l'écriture, où extériorité et intériorité, expérience et imagination, monde et moi apparaissent composés de la même matière verbale ; les visions polymorphes des yeux et de l'âme se trouvent contenues dans des lignes uniformes de caractères minuscules ou majuscules, de points, de virgules, de parenthèses ; des pages de signes alignés, tassés comme des grains de sable, représentent le spectacle bariolé du monde sur une surface toujours pareille et toujours différente, comme les dunes poussées par le vent du désert.
La découverte de Mathias Enard poète, une autre forme pour ses thèmes habituels, avec Dernière communication à la Société proustienne de Barcelone chez Babel,
Un fado assassin t'emporte vers la mer
La saudade te prend au bord de l'onde amère
Laisse s'enfuir la joie, livre-toi aux chagrins
Il te guide vers le vin qui est ton seul amer (vraiment ouvert au hasard)
Et puis, petit, comme un écrin qui libère un peu de fantaisie, de l'humour, de l'ironie, et une belle dose de gravité intelligente «Münri - ou le livre à découper !» de Christine Jeanney chez Abrüpt encore https://abrupt.ch/c-jeanney/munri/ que vraiment, dans une crise de douce folie, on peut découper puisqu'il se présente comme une collection de fausses cartes-postales mais où au verso des collages, à côté des timbres dessinés, est écrit un texte, et qu'il est hautement recommandé de les lire à la suite (sans oublier les sentences sur le recto)
Acceptons, en tant qu'êtres civilisés et bien édu-
qués de ne rien comprendre.
De ne rien comprendre au sens de ce qui est noté.
De ne rien comprendre à l'objectif plus large que
cela vise.
La réussite est inextricablement liée
à l'accueil de l'incompréhension.... ce qui me réconforte, sans que cela se rapporte à Münri.
Enfin, commencé la nuit de vendredi, négligé samedi parce que je n'avais envie que de sombrer et plutôt effleuré dans la nuit de dimanche, suis pas à mon mieux, ce livre qui n'est pas loin d'être ce que je préfère de Laurent Margantin, le «carnet d'hiver austral» aux Editions Oeuvres ouvertes http://oeuvresouvertes.net/spip.php?article4150l'homme qui glandouille assis vautré sur sa chaise bavardant avec le petit serveur barbu corps cambré main appuyée sur une chaise a une activité mentale qui trouve son expression parfaitement adéquate à travers le bavardage auquel il se livre pendant des heures, j'arrivais donc à la conclusion que l'homme qui glandouille malgré le fait qu'il glandouille avait une activité sociale supérieure à la mienne proche du néant quand je suis assis en train de lire à la petite terrasse et que je choisissais justement d'aller lire à la petite terrasse afin d'avoir une activité proche ou même égale au néant...
Le plombier est venu, je me suis laissée à ma grande honte aller à ne pas me mettre en colère pour la payer par chèque, il m'a eu – y compris un gros pourboire – mais j'ai un siphon neuf...
et m'en suis allée marcher dans le noir (je dois aller au théâtre à Confluence demain... hésite à cause de ma bouille), seulement une rafale m'a accueillie sur le seuil et lâchement, l'heure de marche s'est transformé en tour du pâté de maison soit un sept minutes...
 

7 commentaires:

Arlette A a dit…

La lecture et ses évasions..même de ne pas "tout comprendre" et pensées vers toi pour tes couleurs qu'un bon fond de teint atténuera

Dominique Hasselmann a dit…

Arthur Cravan, la poésie qui boxe... :-)

Brigetoun a dit…

Arlette, je crains que ça accentue… et puis il y a la forme


Dominique, poésie assortie à mon nez

Claudine a dit…

pour quelqu'un qui lit moins... ouf :)

Godart a dit…

Merci pour ces extraits de textes et de poésies. Apparemment la réputation des plombiers demeure malheureusement. Préservez-vous.

Brigetoun a dit…

Claudine, livres très courts et en un mois...

Brigetoun a dit…

Godart ceci dit il a été rapide, ponctuel et efficace (aimable aussi d'ailleurs) bon sans doute efficace à rebours pour le fisc (et c'es ce que je me reproche)