Une petite histoire de samedi

 

L'était une petite vieille qui se sentait hors jeu, usée depuis les tâches du matin. Avait rendez-vous en fin d'après-midi avec son faux petit fils, s'est regardée, a fai grimace, a mis pou le moral un peu de rouge à lèvres et, comme c'était pour son moral personnel l'a effacé, mais pas tout à fait, a pris une gellule de cassis et un cachet de vitamines, enfilé veste de toile, est sortie avec sa canne et le sac à jeter, a souri au soleil qui baignait le haut des remparts, et à la tendresse de l'air

mais place de l'horloge sentait ses jambes jouer les indépendante, sa nuque coincée dans un étau et son cerveau flotter dans sa cage d'os, a acheté au bureau de tabac avec sentiment de culpabilité un Bounty (petite horreur industrielle en noix de coco et chocolat ou semblant de),

en passant devant une vitrine a eu envie de se pelotonner, devant une autre de rejoindre les minuscules squelettes joyeux...

mais place Pie l'automne commençait à jouer avec le teint des arbres, place Saint Jean le Vieux attendait pour une fois, avec l'ombre d'une barbe qu'il laisse pousser pour afficher sa maturité et un peu de la poussière des travaux de Rsmerta-l'encore futur rue de la Trillade et petite vieille a été toute contente qu'il donne la main aux travaux mais lui a fait accepter qu'elle, elle ne pouvait pas. Le piapia était enjoué mais nettement plus bref parce qu'il regagnait le chantier...

Elle est rentrée toute requinquée par les vitamines, le bidule infâme, le plaisir de la rencontre et des nouvelles (pas que Rosmerta) ou par l'ensemble, ou par le renforcement de l'auto-ironie.

Le jour se couchait déjà et pour achever la renaissance a trouvé une petite enveloppe en kraft avec un joli timbre et le douzième numéro des Fragments de la source de Laurent Margantin...