Petits santons d'une grande crèche et poème hivernal

 

plus caprice appareil photo... Ai presque achevé ma contribution au 8 de l'atelier de François Bon, ai vaqué, ai lu avant de partir dans l'après-midi vers la place des Corps Saints sous un ciel bleu pale où flottait encore quelques nuages pour marcher et renouer avec l'idée de Noël avec ce que cette date évoque pour moi, les santons, rencontrant sur mon chemin une crèche installée dans une fenêtre/vitrine qui m'a mise en appétit.

Sur la place, devant l'entrée des Célestins, de petits enclos avec lapins, canards, moutons sont installés pour le plaisir des petits citadins avec aussi un âne placide, patient, pour lequel j'ai eu comme toujours un petit élan de sympathie et de compassion mais il a jeté un sort à mon appareil lequel a brusquement décidé de s'installer, sans que j'y sois au moins consciemment pour quelque chose, un retardateur, et chaque fois que je le visais j'avais la sensation que rien ne se passait et je me retrouvais avec une photo de la barrière, de ma parka, d'un groupe de gosses ou d'un brouillard flou suivant le geste que j'avais fait pour visionner le résultat...

Suis entrée, décidée à ne pas céder au charme des santons d'Isoline Fontanille ni même à d'autres plus abordables, de me contenter de regarder les grands santons de la crèche, de regarder avec détachement les étoles et bonnets, les confiseries etc... et parce que je suis têtue ai cadré sur le coin de la zone tissage, restant immobile un moment, ai entendu une sonnette et j'avais une image... vérifié avec un cerf en bois assez élégant.

N'ai eu aucun mal résister à la tentation santons, Isoline Fontanille n'était pas là ni Carbonel... n'y avait que trois santonniers nettement moins chers et qui, est-ce pour respecter la bourse assez plate des Avignonnais, ne présentaient que des santons de petite taille (failli tout de même me laisser séduire par un rémouleur.. trop grand ou trop petit à mon goût).

La crèche cette année est plutôt plus grande, plus profonde surtout, que d'habitude mais les santons, non habillés, beaucoup plus petits également ce qui fait que les tableautins sont parfois difficilement visibles.. une assez charmante reconstitution de la vie provençale d'antan telle qu'on l'imagine... bien aimé mais j'ai jeté cinq photos, mon appareil, ce fichu retardateur et le zoom insuffisant ne l'aidant pas, n'était pas à la hauteur.

Suis rentrée à la nuit tombée... et j'ai en cinq minutes au calme rectifié le réglage.

Pour le poème hivernal du jour ai eu recours à ma petite anthologie du XVVe siècle, et prélevé un passage de « l'hiver de Paris » de Boisrobert :

« .. Et qu'il fait meilleur dans ta chambre,

Le dos tourné devers le feu,

Passer le temps à quelque jeu,

Rire, et se provoquer à boire,

Que pour aller chercher la Foire,

Passer, comme le fais souvent,

Sur le Pont-Neuf, le nez au vent ?

L'air qu'on y respire est de glace,

On n'y peut marcher sans grimace,

Le manteau tout autour du cou,

Le nez caché, comme un filou

Qui guette, quand les jours sont troubles,

…

Cette froidure est bien étrange,

Qui fait des roches de la fange,

Qui fend les massifs fondements

Des plus assurés bâtiments,

Et se raidit contre la Seine

Qui ne va plus qu'avec peine ;

Tout se ressent de son effort

<mes bateaux sont cloués au port,

La Samaritaine enrhumée

N'a plus sa voix accoutumée :

Sa cruche, sèche jusqu'au fond

Ne verse plus d'eau sir le pont ;

Les moulins, sans changer de place,

Demeurent oisifs sur la glace... »