quand j'assume d'être consciemment ennuyeuse
Secouée par une polémique sur l'acceptation ou non par les candidats des préconisations du rapport de l'INSERM sur laquelle s'appuie la loi préparée par Sarkozy et le fliquage et traitement des futurs délinquants de moins de trois ans (et dans le ventre maternel pour Tony Blair selon les polémiqueurs), je me suis battue, avec mon ignorance et un ordinateur en fréquente déconnexion, pour tenter de me faire une idée sur la réalité des allégeances supposées. Sans grand résultat, autre que le besoin de les interroger. Un peu dégoûtée par le ton des intervenants, leur tendance à insulter toute imparfaite adhésion à leur thèse, leur oubli systématique du fait qu'actuellement il s'agit d'une proposition de Sarkozy.
Je me suis retirée, encore, dans le sommeil ou mon couvent virtuel (lieu de méditation pour agnostique), où j'ai retrouvé, sur un tout autre sujet, Errata de George Steiner, sa rigueur et une culture que l'on ne peut bien entendu imposer mais à laquelle nous voudrions pouvoir inviter ceux qui passent à coté, leur suggérer que tout n'est pas violence, lutte, sexe affiché, argent à foison et vulgarité onéreuse.
Autre ? pas de culture sans morale (et je ne supporte pas que l'on caricature ce mot qui n'a rien à voir avec un ordre imposé).
Fin de ma tentative sentencieuse, je me fais plaisir et savoure mon privilège puisqu'il est.
La troisième exigence que nous adressent l'art, la musique, la littérature ou la philosophie digne de ce nom est la plus difficile à formuler, encore plus à satisfaire. Toute expérience modifie la conscience... Étant désintéressée et si souvent tout à fait inattendue - la peinture vue soudain sur un mur ou dans une galerie, la mélodie qui investit spontanément notre mobilité corporelle et notre mémoire, le poème, le roman ou la pièce qui, pour ainsi dire, nous tendent une embuscade - , la rencontre, la collision entre la conscience et la forme signifiante... compte parmi les plus puissantes.
Et au fil de la lecture, la constatation de la difficulté de mettre en mots l'importance, la nature de l'effet sur nous de la musique, Poussé en avant "depuis les coulisses" par l'intuition, l'imagination, l'analyse et l'évidence de la sensation, qui demandent instamment à être exprimées, le langage, au regard de la musique "tripote". Il recourt à la colle, à la ficelle ou aux clous rouillés qui sont plus ou moins à portée de sa main mais les oiseaux, certains mammifères marins peut-être, chantent... Les vents, les dunes et les rochers peuvent chanter... Schopenhauer affirme que si notre univers devait cesser, la musique perdurerait.
Me voici loin, très loin de la délinquance juvénile et de l'ignominie de certaines décisions, mais.... cette civilisation à laquelle je tiens, qui me fait vivre, ne peut exister sans relations-réactions avec les autres de tous niveaux et toutes origines - elle ne peut surtout survivre à ce genre de mesures.

Lourdissime Brigetoun, mais les photos sont jolies non ? un peu de Villeneuve par ma petite soeur, un peu d'Avignon.
La pierre découpe notre espace
elle le cerne -
la beauté n'est pas toujours
évidente
elle est là - dans notre béton.