Modèle de billet inutile - rien – petits malheurs sans importance de Brigetoun

Tout de même un peu trop en réserve de la vie, suis partie jeudi matin, en quête de poissons, légumes, cigares et médicaments, puisque je pensais ne pas sortir vendredi. J'ai cru comprendre en avançant, trempée, le nez au vent pluvieux de la rue, que ce jeudi était spécial.

Pouvais acheter des robes dans une boutique sur trois de la rue Joseph Vernet, mais ce n'était pas à l'ordre du jour (ni tellement recommandé compte tenu de leur prix et leur élégance décolletée), des sacs de bonne estrasse,

des chaussures haut et bas de gamme,

ou des trucs à la FNAC, mais ça ne me convenait pas.

Bon, pour les légumes, les cigares (pas les bons, mais tant pis) j'ai trouvé mais pas les médicaments.

Et samedi matin, après orages et tremblements terrorisés après expédition pieds nus et en chemise de nuit vers quatre heures du matin dans la cour pour vérifier son évacuation, entassant deux pulls à manches longues, les derniers propres et secs, et un imperméable, suis partie d'une humeur de dogue (injurieux pour les dogues) sous un ciel qui me faisait yeux transis

dans des rues vides, devant boutiques fermées (ont ouvert plus tard)

et terrasses à l'abandon.

Je collectionnais les petites sottises (comme d'oublier de remettre de l'argent dans mon sac) et j'étais tant marrie de mes mouvements de mauvaise humeur que j'ai commencé à en sourire.

Pour me distraire, et finir de chasser cette sacrée humeur, j'ai attrapé, trop vite, et mal, des notes rouges et aimables, en écho détendu aux vases d'ana nb et moi

avec ou sans grille entre elles et moi,

comestibles

ou non

et me suis arrêtée une minute, plantée droite, en plaisir, sous un rayon de soleil. Puis n'ai rien fait de cette journée. La pluie et les orages eux ont continué dans leur promenade à nous rendre visite et à faire semblant de partir.