sentir grandir en moi une
tentation d'être en retrait,
regarder, entendre le
monde, voir le grotesque de tout, juger inutile de heurter mais ce
rire qui monte, plein de dérision et de larmes
une envie de donner un
coup de pied dans l'échelle
il serait temps de
travailler à me faire, ou de continuer cette tâche sans fin devant
laquelle suis si désarmée
et en attendant de me
couper d'internet
de me cantonner au
repassage (grimace), à la main tremblante et obstinée pour que le
fil passe dans le chas de l'aiguille et tenter de freiner les points
trop grands
mettre musique, vaquer,
penser,
et revenir un peu, pour
quelques jours je crois, en délectation, réflexion, agacement,
admiration, désaccord, à la correspondance du vieil ermite suisse
comme il se présente avec coquetterie, Monsieur de Voltaire, son
indépendance construite, son insolence mesurée (et son
paternalisme)
et puis lâchement, le
soir venu, prendre idées qui passent et les mettre sur Paumée,
l'habitude est une longue dérive
il a plu
reprendre ces petites
bouffées du temps passé qui me venaient
Il y a environ
soixante-cinq ans
le recteur tout rond
parlant de nos premières confessions
et de l'enfant trop connu
de moi qui avait fait pipi.
Il y a environ
soixante-quatre ans
mon merveilleux grand
père, et le jeune oncle mort si beau si peu connu ne sont plus la
guerre d'Indochine
des lettres sur les murs
de Toulon – je demande «c'est qui Maman Henri Martin ?»
et j'irai bien plus tard
chercher plus loin que la réponse désapprobatrice.
Il y a soixante ans
environ
le toit du blockhaus sous
les pins
la poussière de sable
gris
un livre, ma main qui
gratte
la résine sous mes
ongles.
Il y a quarante cinq ans
je crois
tes mains, le poêle, ta
barbe
et l'épagneul dans la
neige
il y a quarante cinq ans
dans la chaleur de l'abri,
voir
le pré, le soleil, la
neige.
10 commentaires:
À grands pas, surfiler, en découdre, se piquer les doigts. De dé en aiguille, il n'y a qu'une seuil à franchir.
mon intense gratitude
Te retrouve fortement dans cet article de Camille Laurens sur François Bon " Dire l'écarquillé" ( Titre de l'article monde de Vendredi7)
Dans tes petits riens qui chevauchent la vie
ouf !
pas digne !
Vous faites de chaque grimace du temps un poème, de chaque journée une merveille... MERCI!
merci à vous !
c'est beau, très touchant (j'étais vraiment en retard de lecture, mais je reviens toujours)
merci
"Mais c'est qui maman Henri Martin ?" Toute une affaire.
et j'avais eu une réponse que la vie m'a appris à corriger...
Enregistrer un commentaire