Puisque, un peu avant la
fin de mon heure de marche, ce dimanche soir (vais trop vite
maintenant, suis obligée de complexifier les fins de trajet) je suis
passée devant la Collection Lambert, puisque, surtout, à vrai dire,
j'en avais décidé ainsi ce matin,
je termine (avec un
évitement final) ma visite de l'exposition Villa Villa, avec la
seconde branche du L que font les combles, consacré au chapitre 5
anamorphoses
en exergue : Au fond
nous n’avons pas encore saisi et véritablement compris le fait que
tout vivant est véritablement une métamorphose du même corps de
Gaïa. Tout ce qui est sur cette planète n’est autre chose qu’une
transformation d’une seule et même chair, qui est la même pour
tous. Emanuele Coccia (2019)
avec ce développement de
la commissaire
…. Si nous percevons
désormais le monde dans son désordre apparent et sa diversité, des
arrangements avec le réel n’en demeurent pas moins possibles. Les
bouleversements qu’entraîne l’anthropocène obligeront certains
organismes à muter génétiquement, tout comme des artistes
s’emparent des principes de transformation et d’illusion visuelle
pour nous ouvrir à de nouvelles conceptions du monde.
Dans
le coude que fait la salle deux formes qui se gonflent lentement, des
couleurs qui rappellent vaguement la peinture antique – du moins
telle que peux l'imaginer, là, tout de suite, sans doute à tort, je
suppose qu'elle claquait davantage – Ghost Bless You des
vases en terracotta réalisés dans les Pouilles pour évoquer les
objets en terre cuite placés sur les demeures apuliennes(artisan
Giampiero Indigno) qui s'épanouissent : soufflant des esprits, génie
ou divinités dit le cartel, en fait des formes en textile imprimé
avec une soufflerie et un temporisteur (peintres Mathieu Lemarié et
Franco Casi Melcarne) pour évoquer les statues sacrées portées
sur les épaules des fidèles,
une seconde installation du Studio
GGSV (Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard) qui ont installé au
rez-de-chaussée de l'articulation entre les deux hôtels l'hommage
aux arbres morts
https://brigetoun.blogspot.com/2019/11/etait-encore-temps.html
Au mur
une série de grands dessins de belle saveur (difficiles à
photographier à cause de l'éclairage) d'Hippolyte Hentgen (en fait
deux anciennes élèves de la villa Arson, Gaëlle Hippolyte et Lina
Hentgen) – Villa Kujoyama – arts plastiques -
https://vivavilla.info/artistes/hippolyte-hentgen/
et https://hippolytehentgen.tumblr.com/
A Kyoto, les deux
artistes ont exploré le fantasme de l’image fantôme et le monstre
bizarre dans le dessin japonais. De ce folklore espiègle, les
grandes parades de Tanukis, Kappas, Tengus et autres yokaïs
emblématiques de la culture nipponne témoigne de l’évolution des
genres. Le binôme a souhaité se concentrer sur l’iconographie du
fantôme japonais, qui retrace l’histoire foisonnante du
fantastique depuis l’époque Edo jusqu’à sa diffusion imprimée.
Et sur
le mur du fond cette série de petits cadres, de petites gravures,
devant lesquels me suis attardée, vers lesquels suis revenue,
fascinée par l'idée, le résultat, imaginant la découverte de
chaque tirage, avec Sylvain Konyali, rencontré avec une petite
gravure au rez-de-chaussée (gravure – Casa Velasquez – page avec
une vidéo que j'aimerais regardée par certains https://vivavilla.info/artistes/sylvain-konyali/
« Toujours la même
plaque de cuivre. Elle mesure la taille du carnet de type
«passeport». Je n’y dessine que mon portrait, et chaque fois
que je vais à l’atelier, je l’imprime, le gratte et l’efface.
La succession de ces différentes étapes, de la gravure à son
effacement, élabore le dessin. Chaque portrait dessiné, puis
effacé, laisse sa trace sur les impressions, et s’estompe au fil
des passages sous la presse. Le cuivre garde en mémoire tout ce qui
a été incisé dedans, et les dessins se construisent avec tous les
autres gravés auparavant. Aujourd’hui, c’est le 327ème »
Devant
une fenêtre, je crois, une table-vitrine et les bijoux de Marion
Delarue (métiers d'art – Villa Kujoyama – page
https://vivavilla.info/artistes/marion-delarue/
Parce qu’elle ne
privilégie aucun matériau, elle a à coeur de choisir pour
chaque projet la matière qui lui paraît la plus appropriée et en
exploite au maximum les propriétés techniques. Laque coréenne,
plumes, nacre ou porcelaine ont naturellement invité Marion Delarue
à s’imprégner de l’Asie et ses techniques traditionnelles, que
les nombreuses résidences en Corée du Sud, en Chine et à Taïwan
ont su nourrir.
Au
fond, souvent ludique, souvent belle, une vidéo I want all of the
above to be the sun (très mauvaise photo mienne) de Lily
Reynaud-Dewar (arts plastiques – Villa Médicis – page
https://vivavilla.info/artistes/lili-reynaud-dewar/
- site http://www.lilireynauddewar.com/)
dont je n'ai regardé qu'une partie (assez longue)
résumé
du cartel : au départ hommage au répertoire de gestes de
Joséphine Baker et Cosey Fanni Tutti (que ne connais pas) pour leur
utilisation exacerbée de leur corps pour une critique des
représentations, son corps faisant intrusion dans les espaces d'un
musée pour rendre perceptibles les mécanismes d'exclusion
pratiqués par le musée contre certaines formes artistiques
et certaines identités... avec peu à peu l'irruption d'objets
et gestes de la vie quotidienne comme bailler, téléphoner, fumer –
danse également dans les bureaux, espaces techniques, avec les
outils, ou dans les jardins de la Villa Médicis (pour montrer
dit encore le cartel les conditions matérielles qui rendent
possible la production de l'art)
Sur le
palier deux vidéos avec pour chacune deux fauteuils, deux écouteurs,
des gens installés (dont une femme aux yeux fermés) d'autres qui
attendaient
Ai
renoncé, suis descendue vers le rez-de-chaussée, puis vers le
sous-sol, descendant dans la musique de Giovanni Bertelli, (Casa
Velasquez avec vidéo
https://vivavilla.info/artistes/giovanni-bertelli/)
découvrant au bas de l'escalier l'installation et le petit clavier
que les visiteurs passants (moi n'ai pas eu à réagir, d'autres le
faisaient à ma place) touchent, déclenchant ainsi la mise en
marche, avec l'amusement de les voir tenter inutilement de jouer à
modifier la musique accompagnant un fragment du Chien andalou
et
puis ai regardé debout dans les salles, avec plusieurs visiteurs
entrant, sortant, selon trajets personnels, cinq ou six vidéos, avec
intérêt constant pour des qualités ou choix différents, mais me
sens incapable d'en parler ou ce serait trop long et assez plat (ce
que dirai) et je n'ai vu qu'un bout d'un des films programmés,
debout seule au fond de la salle aux trop confortables fauteuils
rouges, dans lesquels je n'osais m'asseoir, certaine que je m'y
endormirai, au risque de disparaître et de me faire enfermer,
fatiguée que j'étais...
Alors
je jette les quelques images que j'avais en vain tenté de capter,
ne garde que celle de ma sortie dans la rue.
8 commentaires:
Merci en clôture , tu dois defalquer tes pietinements dans ton heure de marche? C'est le plus pénible même si l'esprit est occupé
envieuse de tous ceux qui pratiquent la gravure, du fond du cœur ! Il faudrait pouvoir coller aux murs des musées aussi ces bas sentiments
Anonyme, c'est ne négociation entre moi et ma conscience… en fait dois faire souvent moins d'une heure, parfois plus…. un peu marre de refaire trois fois le tour d'un pâté de maisons (et puis le froid et la pluie m'incitent à de l'indulgence
Claudine, moi c'est admiration et plaisir (en ai fait aux temps de ma jeunesse… pointe sèche, j'enrageais devant ma maladresse et j'aimais ça… ai gardé longtemps deux petits poinçons en souvenir)
L'abondance... nuit ?
Bien aimé les gravures démultipliées ! :-)
Viva Villa Villa. Beau reportage qui donne envie d'y être. Alors pourquoi pas se faire enfermer toute une nuit au milieu de cette collection, il y a pire !
Dominique je crois que c'est ce que j'ai préféré ou du moins ce qui m'a le plus intéressé et donné envie d'essayer
Godart comme c'était le dernier soir, et qu'il n"était pas certain qu'elle soit rapidement démontée l'attente aurait pu être longue
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